S'autoriser à demander de l'aide
De l'autorisation personnelle à la demande d'aide, exploration de ce qui nous aide à demander de l'aide
J’ai toujours appris à compter sur moi-même. A faire de mon mieux. A ne pas montrer mes failles. A tenir bon contre vents et marées.
Cela m’a aidée à développer ma persévérance et mon courage.
Mais en réalité, ce qui me soutient le plus a été de sortir de mon illusion de toute-puissance, de penser que je pouvais tout gérer seule, et d’apprendre à demander de l’aide.
La dernière édition de cette newsletter était consacrée à l’aspect collectif : comment créer un cadre qui aide l’autre à demander de l’aide. Dans l’édition de cette semaine, nous partons en exploration de la demande d’aide. Comment identifier ses besoins, sa demande et la partager.
Merci Carole, Sarah, Alexis, Coline, Jean-David et Anne pour vos relectures avisées.
Ambiance musicale de la newsletter
PS : Pour les personnes qui ne l’ont pas encore fait, je vous recommande de lire l’édition précédente de la newsletter “De la confiance à la demande d'aide - comment créer un cadre qui autorise à demander de l'aide”. J’y illustre notamment toutes les complexités de demander et recevoir de l’aide.
💡Le déclic de la semaine - S’autoriser à demander de l’aide
L’histoire de Marie
Pour démarrer cette newsletter, j’avais envie de vous partager l’histoire d’une personne que j’ai accompagnée. Appelons-la Marie (prénom modifié pour anonymiser l’histoire). Au début de notre accompagnement, Marie me partage des moments où elle s’est sentie prise au dépourvu dans des réunions. Des moments où des participants avaient eu des comportements brusques, irritants, ou des moments où ses binômes faisaient preuve de peu d’écoute. La sensation de Marie : un manque d’écoute, de respect mutuel, une sensation de solitude, de ne pas être à la hauteur.
Marie avait besoin de ressentir du soutien. Et en creusant ce qui pouvait l’aider à ressentir du soutien, elle avait identifié plusieurs idées, dont partager les difficultés qu’elle rencontrait à son binôme. Suite à cet échange, son objectif est devenu : “m’autoriser à m’appuyer sur les autres”.
Quelques semaines après, Marie me partage ses réussites, les demandes d’aide qu’elle a réalisé auprès de collègues pour la soutenir / co-animer certaines parties d’une réunion et la grande réussite de cette réunion. Une réunion applaudie par tous les participants.
L’histoire de Marie pourrait très bien être la mienne, ou peut être la votre.
Quelle est votre relation à demander de l’aide ?
Qui sont les personnes que vous connaissez qui demandent de l’aide autour d’elles ? Comment percevez vous ces personnes ?
Quels sont les contextes où vous demandez de l’aide ? A quoi est-ce que cela ressemble ? Et quel en est l’impact positif ?
Quels sont les contextes où vous pourriez demander de l’aide ? A quoi est-ce que cela ressemblerait ? Quel en serait l’impact positif ?
Nous n’aurons pas de oui systématique à nos demandes d’aide, mais bien souvent, les personnes en face de nous pourront nous aider.
Dans un contexte professionnel, muscler sa capacité à demander de l’aide permet de :
Construire une culture de transparence et d’honnêteté
“je ne m’étais pas rendu compte que ce projet était complexe pour elle”
Autoriser les autres à demander de l’aide
“tiens, si elle me demande de l’aide, ça veut dire que je peux le faire aussi”
Favoriser la sécurité d’apprentissage et d’erreur
“il n’a pas réussi et ose demander de l’aide, ça veut dire que si je suis en difficulté, je peux aussi demander de l’aide”
Résoudre les défis opérationnels de manière plus efficace
“heureusement qu’il m’en a parlé maintenant, j’imagine la galère que ça aurait été si il avait cherché à tout gérer seul alors que j’ai pile le bon contact pour gérer le souci logistique”
Tisser des liens de réciprocité
“ça me donne envie de demander de l’aide à des moments, et d’en donner à 'd’autres”
🧰 L’outil de la semaine - Faire une demande d’aide ajustée
“Demander de l’aide est un acte de pouvoir. C’est un signe de force de demander et de résister au jugement des autres. Cela reflète une conscience de soi essentielle pour construire une confiance courageuse” ― Brené Brown, Dare to Lead: Brave Work. Tough Conversations. Whole Hearts.
Demander de l’aide est la meilleure manière d’en recevoir même si, pour de multiples raisons sociétales, personnelles, inter-personnelles (c.f la dernière newsletter), nous pouvons avoir des freins à le faire.
Dans cette rubrique, nous regardons des étapes qui peuvent aider à demander de l’aide.
1. Repérer les signaux
"Je pense qu'on a toujours besoin d'aide, et qu'on n'a pas à attendre avant d'en demander" Yannick Noah, documentaire "santé mentale, briser le tabou"
Parfois, nous demandons de l’aide quand il est trop tard. Quand le projet difficile nous submerge complètement, quand le burn-out commence à s’installer, ou que les semaines s’enchaînent avec beaucoup trop de travail.
Une des façons de passer plus rapidement à l’acte, à la demande d’aide, est d’identifier les signaux qui vous indiquent que vous avez besoin de demander de l’aide. Pour, petit à petit, demander de l’aide avant qu’il ne soit trop tard.
PS : si vous avez tendance à demander de l’aide au moment où vous êtes le plus, la plus submergé·e, c’est tout à fait humain. Mon propos ici n’est pas de juger votre efficacité à demander de l’aide, mais de développer notre conscience de nous-mêmes pour pouvoir demander de l’aide au moment le plus approprié pour nous.
Quelques signaux potentiels :
Une tâche complexe
Un nouveau projet sur lequel vous démarrez et pourriez bénéficier d’une expertise / mentorat
La sensation d’être submergé.e
La sensation de tout devoir gérer
Une liste de tâches qui n’en finit pas de se remplir
La sensation d’isolement
La sensation de rentrer dans une situation d’où il est difficile de sortir seul.e
…
Quels sont les signaux qui vous indiquent que vous pourriez demander de l’aide ?
2. Prendre un temps pour accueillir vos peurs et faire confiance à l’autre
Comme nous l’avons vu dans la dernière newsletter, la difficulté à demander de l’aide peut cacher des peurs : peur du rejet, crainte d’être redevable, peur d’être un fardeau pour les autres…
Une des choses qui m’aide le plus à demander de l’aide est de le faire dans des relations où la confiance peut déjà exister. Par exemple :
Confiance dans la relation et le fait que la personne ne vous jugera pas de demander de l’aide
Confiance en sa capacité à dire non si elle ne peut pas m’aider
et que ce non n’est pas un non à la relation
Confiance en votre capacité à accueillir un non éventuel
Confiance que la demande d’aide créera du lien entre vous
v.s le lien qui peut se distendre si je m’enferme dans ma forteresse de “je suis trop forte et je sais tout faire tout le temps et je n’ai aucune faille”
3. Discerner vos besoins
La Communication NonViolente fait la distinction entre un besoin et une stratégie. Les stratégies sont toutes les manières dont on peut répondre à un besoin. Par exemple, pour un besoin de clarté sur un projet complexe, les stratégies peuvent être une réunion de clarification avec la personne concernée, mais aussi une aide extérieure, ou encore de relire les notes précédemment prises sur ce sujet.
Garder son esprit fixé sur sa stratégie préférée peut nous couper d’autres stratégies possibles.
L’idée ici est de noter ce qu’on aimerait absolument qui se passe (notre stratégie préférée) et de prendre un pas de recul pour identifier mon / mes besoin(s) : à quoi est-ce que cela me servirait de faire cela ?
Pour identifier vos besoins, vous pouvez :
Vous inspirer de la liste des besoins d’Art-Mella
Demander de l’aide à d’autres personnes qui pour y voir plus clair sur vos besoins (et vous aider à creuser quel est le réel besoin)
4. Formuler une demande
5. Faire votre demande d’aide et recevoir la réponse de l’autre
Faire une demande d’aide suppose que l’autre dira peut-être non à votre demande. Acceptez cette réponse avec grâce, tout comme vous pourriez accepter de recevoir l’aide de l’autre personne avec élégance : en remerciant, sans vous confondre en remerciements pendant les 15 années à venir.
❓ La question de la semaine : à qui pourriez-vous demander de l’aide cette semaine ?
Pour approfondir ce sujet :
L’article de Nathalie Rothfels “On asking for help (even when you really don’t want to)”
La vidéo de Thomas Piet - s’entraîner à dire et recevoir un non
L’épisode 27 “Réciprocité dans les relations, cheminer l’équilibre” avec Claire Garin. Podcast l’Aventure du Lien.
L’épisode 20 La liberté commence par le lien, plaidoyer pour l'autonomie relationnelle avec Kevin Poussin, Podcast l’Aventure du Lien.
Pète un coup, l’art subtil de lâcher-prise, Marianne Leenart
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Dans les éditions précédentes de Construire des Ponts
De la confiance à la demande d'aide - comment créer un cadre qui autorise à demander de l'aide
Réhabiliter le désaccord - et si nous avions besoin du désaccord ?
Et si nos organisations prenaient le temps du lien ? - comment inclure le soin comme un sujet récurrent dans une équipe
Sortir de l’escalade du conflit par la pause, faire une pause n’est pas une fuite
Sortir des conseils non sollicités - Soutenir avec écoute
Et si on créait plus de sécurité psychologique au travail ? Au lieu d’exiger plus d’authenticité.
Les limites, épisode 2 - Ecouter et respecter les limites des autres
Les histoires qu’on se raconte et comment les vérifier (ou pas) - le rôle des suppositions dans la communication
L’effet boomerang de l’honnêteté - comment sortir de l’honnêteté brutale
Faire une excuse en sincérité radicale - de la honte à la responsabilité, une invitation à s’excuser sans se justifier
Les ruptures professionnelles sont de vraies ruptures - comment mener nos ruptures professionnelles en prenant soin du lien ?
Laisser de la place à la colère - exprimer sa colère sans détruire les relations
Quand l’organisation prend soin des relations (tout n’est pas histoire de responsabilité individuelle)
Le pouvoir de l’appréciation - ou comment devenir supporteur / supportrice
Prendre soin des conflits (car ils sont inévitables, et utiles !)
Oser la sincérité radicale ( ce n’est pas l’honnêteté brutale ni l’empathie toxique)
Créer les conditions de l’écoute (ça ne suffit pas de bien écouter)
Dire non pour prendre soin de la relation (où vous découvrirez la carte de fidélité au non)
Coopérer avec ses concurrents (peut être découvrirez-vous de nouvelles zones d’opportunité)
Penser long terme (parfois les solutions que nous essayons sont de fausses bonnes idées)
Revenir à son intention (garder le cap, même en cas de conflit)
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